Au grand dam de leurs tombeurs UMP, d’anciens maires PS visent la tête des agglomérations.
« On nous vole notre victoire », protestent certains élus de la vague bleue. A Argenteuil comme à Bergerac ou à Angoulême, les anciens maires socialistes battus se font élire - ou s’apprêtent à le faire - à la présidence des communautés d’agglomération qui sont, elles, restées à gauche. Des décisions politiques incontestables mais contraires à un usage bien établi : la présidence revient généralement à l’un des maires de l’agglo. Plusieurs nouveaux maires de droite se retrouvent ainsi, au conseil communautaire, sous l’autorité de leurs principaux opposants, revenus par la fenêtre alors que les électeurs viennent de les chasser dans les urnes. « Ingérable ». Le maire UMP d’Argenteuil, Georges Mothron, y voit un déni de démocratie. Puisque l’agglo est restée à gauche, la logique aurait voulu que le maire PCF de Bezons en prenne la présidence. Mais ce dernier a préféré s’effacer devant le battu d’Argenteuil, le député PS Philippe Doucet. A Bergerac, le nouveau maire de droite, Daniel Garrigue, estime que l’élection de son premier opposant met l’agglo « dans une situation ingérable ». A Angoulême, l’ex-maire PS Philippe Lavaud devrait rester à la tête de l’agglo malgré sa lourde défaite du 30 mars. Son rival victorieux, Xavier Bonnefont, le surnomme cruellement « monsieur 39% » et juge « irresponsable et immoral » son maintien à la tête de cette collectivité. Selon la Charente libre, Lavaud avait pourtant déclaré, le soir de sa défaite, « ne pas pouvoir prétendre à la présidence de l’agglo ». Il a changé d’avis. Poussé, assure-t-il, par « la confiance des élus communautaires ». Furieux, les maires de droite tentent des représailles. A Bergerac, Daniel Garrigue a décidé de ne présenter aucun candidat à l’une des douze vice-présidences. Le maire d’Angoulême veut aller plus loin : la ville, centre de l’agglo, pourrait se retirer de « certaines compétences et services communautaires ». Cohérence. Georges Mothron, de son côté, fait comme si la page était déjà tournée : selon lui, Argenteuil a vocation à quitter l’agglo pour rejoindre Paris Métropole, qui devrait se constituer en 2016. Cette immense entité devra d’ailleurs elle aussi se donner un président. Si la droite indignée tient à rester cohérente, elle devrait jurer que l’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, chef de l’opposition à la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, ne poussera pas « l’immoralité » jusqu’à se porter candidate à ce poste.
Alain AUFFRAY |