AU COEUR DE L'ALLÉE de la Haie normande, au Val-Nord d'Argenteuil, les familles les plus démunies ont désormais un endroit où faire leurs courses alimentaires à bas coût. Ce samedi matin, il est à peine 9 heures et, déjà, un groupe de femmes attend l'ouverture des lieux, devant la porte blindée. Moins de trois mois après son ouverture, l'épicerie solidaire fondée par l'association Force des mixités (FDM) fait partie intégrante de la cité. Zhara, 34 ans, entre timidement, accompagnée de sa fille. « C'est la première fois que je viens », glisse-t-elle, un sachet vide en main. À la recherche d'un emploi, comme son mari, la trentenaire est éligible pour faire ses courses dans l'épicerie. « J'ai trois enfants, dont un bébé de 2 ans », précise-t-elle. Yassin Diaf, le directeur, lui explique le fonctionnement. « Vous avez droit à deux paquets de pâtes, deux boîtes de conserve... Nous limitons les produits par foyer afin de satisfaire tout le monde », glisse-t-il. « Je comprends », souffle Zhara, tout en se servant des denrées alimentaires proposées à moitié prix. Son sac se remplit au fur et à mesure de boîtes de haricots à 40 centimes, de pâtes au même prix... Au total, elle en a pour 19,45 €. « Pour moi, cette épicerie est d'une grande aide », confie-t-elle. Ne pouvant pas payer directement, « des facilités de paiement lui sont accordées », précise Yassin Diaf. « Pour le moment, nous aidons trente foyers, mais nous nous sommes fixés un objectif de cinquante, nous continuons à récolter des dossiers d'inscription », souligne Abdellah Boudour, fondateur et président de FDM. « C'est une très belle initiative, insiste Fateha, une maman de 49 ans. On est à peine au milieu du mois, et déjà nous n'avons plus de quoi bien manger. Les courses faites ici vont me permettre de gagner quelques jours . » Brigitte, mère isolée de 51 ans, ne se voit plus sans cette épicerie solidaire. « On se sent aidé, c'est très important, réagit-elle. Il faut que ça continue, car les temps sont durs. » Elle quitte les lieux, le sourire aux lèvres. « Parfois, mes enfants n'ont même plus de lai t », avoue une autre femme, un brin gênée. Ce samedi matin, il n'y a que des femmes qui franchissent le seuil de ce local aoù l'accueil est toujours chaleureux. « Nous avons 60 % de familles monoparentales et ce sont justement ces profils que nous visons car elles sont nombreuses dans le quartier, souligne Abdellah Boudour. Puis il y a des retraités et des couples avec des jeunes enfants. Mais les hommes n'osent pas venir, ils ont honte. » Les bénéficiaires de l'épicerie solidaire peuvent venir une fois par mois. « Nous sommes là pour les aider et non pour les mettre dans une position d'assistanat », explique Abdellah Boudour.
Toute la matinée, les habitants défilent, discutent. « C'est aussi l'occasion de créer du lien », insiste Yassin Diaf. Fadela, 51 ans, elle, apporte un sac de courses. «Il faut s'entraider », explique-t-elle. Car la structure fonctionne en autonomie. « Les produits sont donnés par des habitants. Des entreprises privées nous font aussi des dons en nature , détaille le président de l'association. Si le quartier ne se mobilise pas, personne ne le fera à notre place. » |