En ce mois de juin, il a fait bon vivre au Petit-Marly. Au début du mois, les travaux de démolition ont commencé. Doucement, puis le rythme s’est accéléré. D’une embauche des ouvriers à 8h00, ils arrivent à 7h20. Ils sont matinaux mais on les aime bien car au Petit-Marly, nous aimons bien nous réveiller au son de la pelleteuse et de la tronçonneuse. Surtout les nouveaux parents qui ont un petit enfant de quelques mois et qui ne fait pas ses nuits.

Le calme, c’est d’un ringard. Les gazouillis des oiseaux d’un dépassé.

Alors donc voilà, ça y est ! Super, les travaux commencent. « Vive le neuf, bon débarras de l’ancien » écrivait une personne dans les commentaires d’un autre billet.

Ils sont bien présents, les travaux. Ils pénètrent dans les appartements même les doubles fenêtres fermées. Pour ceux qui travaillent chez eux, la productivité est « en hausse » et leur masse graisseuse en baisse. Les fenêtres fermées, aucun renouvellement d’air frais n’est possible. Vive la chaleur !

Enfin, les arbres verts ont disparu. Le vert c’est désuet. Ça tombe bien, Il n’y en a plus un seul et nous attendons avec impatience, le beau gris béton de la nouvelle résidence. 17 mètres de hauteur, un beau bloc monolithique de béton juste en face de nos logements. C’est ça qui est chouette. Le vert c’est désuet, Nous ne verrons plus aucune touche de vert.

J'ai été initialement planté pour isoler mes propriétaires des autres, mais peu à peu j'ai grandi et j'ai assumé d'autres rôles
Je suis témoin de l'évolution d'Argenteuil depuis quelques centaines d'années.
J'ai hébergé plusieurs générations d'oiseaux, de perchoirs pour ceux qui proposaient des chorales enchantant ainsi les voisins. J'ai servi de poumon vert. J'ai vu peu à peu cette ville se métamorphoser, des habitants s'y installer, des couples emménager et des bébés naître.
Je fais partie de la mémoire d'Argenteuil.
On m'a dit malade mais je me suis toujours bien porté.
« Marly : Se disait des voyages et séjours que Louis XIV faisait de Versailles au château de Marly. Être des Marly était une grande faveur. »

On va m'abattre moi et les miens dans l'indifférence générale des promoteurs et dans la profonde tristesse de mes admirateurs. 

Marly ! ? Ils ont osé.

 Les propriétaires semblent avoir quitté les lieux pour de bon ce weekend end, dans une nouvelle auto.
Un grand gaillard (casquette et lunettes D&G) les a accompagné en les saluant d’un très poli « au revoir Mr X » en s’assurant que les portails étaient bien fermés, tout en jetant un coup d’œil rapide aux alentours comme si des guetteurs avaient déjà pris position dans le quartier.
Pendant ce weekend paisible, la nature,  au n° 5 av du Petit Marly,  reprend ses droits encore un instant.