Jeudi 12 septembre, 11 heures. C’est la dixième fois que le policier du groupe stup d’Argenteuil chargé des surveillances s’installe à proximité de l’immeuble de La Haye-Normande avec vue sur le hall numéro 11, en toute discrétion. Je prends place à ses côtés. Débusquer les dealeurs, les identifier puis comprendre et détailler leurs rôles respectifs, évaluer l’ampleur du trafic, est une affaire de patience.
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La surveillance se poursuit à l’aide d’un sandwich, jusqu’à ce que deux ados viennent à leur tour frapper à la porte du hall. Ils ont peut-être 15 ans, à peine plus. Puis un jeune quitte le hall, aussitôt identifié : « C’est le gérant », confie le policier qui note les détails vestimentaires et les horaires. Au fil des minutes, la surveillance permet de suivre le ballet du portier, des clients, et des guetteurs postés à un carrefour, mais aussi la vie des habitants du quartier qui croisent les acteurs du trafic, faussement indifférents à ce qui se déroule sous leurs yeux. Des résidents qui évitent souvent d’emprunter le passage dévolu au trafic et passent par une autre grille.
13h20, une jeune femme vêtue d’un pantalon rouge vient acheter une barrette pour 30 €. Le policier la décrit à ses collègues de la brigade anticriminalité qui vont l’interpeller quelques minutes plus tard à l’écart du quartier et l’entendre au commissariat. « L’audition des usagers nous permet de consolider la procédure qui va être transmise au parquet, avec la description des revendeurs par l’acheteur, le fonctionnement du trafic… », explique le policier.
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Le gérant entre et sort à plusieurs reprises. Les guetteurs sont de « patrouille » dans la ZUP. L’un d’eux, en scooter, tourne quasiment sans arrêt sans casque dans la cité. Un acheteur venu en camionnette repart avec sa résine : son audition va permettre de lancer les interpellations en flagrant délit.