Ils sillonnent Argenteuil pour déminer des situations parfois explosives. Comment ? Par la discussion. Leur fonction « médiation urbaine » est affichée en jaune fluo sur leur blouson. Depuis trois ans, treize médiateurs urbains, encadrés par deux coordinateurs, exercent ce métier à Argenteuil. « Nous avions constaté le durcissement des relations entre la police et la population, indique-t-on au cabinet du maire. La présence de personnes de proximité permet d'apaiser certaines situations. Leur rôle n'est pas de se substituer à la police, leur travail a une dimension sociale. »
La ville et ses coins les plus « reclus », ils les connaissent par coeur. Il y a même des référents par quartier. C'est là leur force. « Nous nous adressons à des gens avec qui on partage le quotidien », réagit Nassim, 33 ans. Ce mercredi, il arpente le quartier de Joliot-Curie, accompagné de Kader et Sofiane. Nassim s'y retrouverait les yeux fermés, il y a grandi et y vit toujours. « C'est un secteur difficile », décrit-il.
Il est 17 heures, les trois collègues patientent devant les grilles du collège. La fin des cours sonne. Les collégiens se précipitent à l'extérieur. Nassim et Kader sont en plein échange avec des assistants d'éducation. L'un d'eux explique qu'un élève « a un comportement particulièrement provocateur ». « On va lui parler. Dans le quartier, on va le croiser et lui expliquer les choses », répond Nassim. Un soulagement pour le personnel de cet établissement.
Direction la maison de quartier, qui se trouve temporairement dans un préfabriqué. Aurélien, directeur adjoint de cette structure, accueille les médiateurs avec joie. « Ils ont permis d'instaurer un dialogue avec les jeunes du coin qui voulaient s'en prendre à la maison de quartier, explique-t-il. Il y a eu pas mal de tensions mais, depuis six mois, ça va mieux. » Pour autant, pas question de baisser la garde. « C'est beaucoup de dialogue. Nous avons expliqué aux jeunes qu'il était hors de question que les choses se passent mal ici car c'est un lieu qui sert à tous, aux enfants, à leurs parents... », détaille Nassim.
La nuit vient de tomber. C'est le moment que choisissent les médiateurs pour se rendre à la galerie marchande de Joliot. Sur le chemin, les trois hommes serrent de nombreuses mains. Ici aussi, la situation est compliquée.
« Des gens entraient dans la galerie en scooter, détaille un commerçant. Les médiateurs sont intervenus. Ils ont aussi permis de renouer les relations entre les gérants de magasins qui étaient rompues. » La prévention, les médiateurs la font partout et vont jusqu'au pied des immeubles. « Nous ne sommes pas des grands frères, nous n'éduquons pas les gens, nous sommes là pour les aider », martèle Sofiane, habitant du Val-Nord de 33 ans. « On est un service de proximité », ajoute Kader, 35 ans. Leur champ d'action est très large. « Ça peut être un souci dans un établissement, dans la rue... Récemment, une femme seule dont le fils était très souvent pris à partie nous a contactés, détaille Sofiane. Elle ne voulait pas déposer plainte. Nous avons arrangé les choses. »
A terme, le service, qui sécurise également des événements de la ville, espère recruter davantage de personnel pour couvrir encore plus largement le périmètre d'Argenteuil.